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Les transformations à l’adolescence
Les « trois cerveaux »
- (tronc cérébral et cervelet)
- mature dès la naissance
- reçoit des informations sensorielles brutes
- les informations y sont traitées de façon automatique
- est sous une influence essentiellement génétique
- son moteur est le besoin
- Fonction: permet la survie animale (manger, dormir, se reproduire, agresser, fuir)
- le « tempérament ».
- (essentiellement limbique et une partie des aires associatives) :
- mature vers l’âge de 7 ans
- les informations y sont traitées de façon analogique
- est contrôlé par l’éducation et la culture : donc dominé par le conditionnement et l’émotion
- détermine la peur, la colère le plaisir
- son moteur est le désir, qui maitrise progressivement les besoins reptiliens.
- Fonction: enrichit l’adaptation à l’environnement.
- Le « caractère ».
- (aire préfrontale et sus orbitaire) :
- émerge vers l’âge de 7 ans et mature lentement jusqu’à 25 ans
- les informations y sont traitées de façon logique par des choix conscients
- attribue une valeur aux informations du cerveau « mammifère »
- son moteur est le projet : organise le désir et relativise le besoin.
- Fonction: instance du choix et de la planification.
- La personnalité
Origine des modifications de comportement
Trois métaphores pour comprendre :
« St Georges et son équipage »
La maturation cérébraleLes interactions des trois cerveaux seraient une sorte de figure de St Georges de la légende dorée : l’équipage d’un cavalier tentant de maitriser sa monture aux prises avec un dragon. Les besoins primaires du dragon, reptilien impulsif aux réactions automatiques, sont contenues par la fougue et le désir d’un cheval, mammifère dressé et grégaire, lui-même canalisé par les choix et le projet du cavalier, humain lucide, singulier, réflexif et projectif. A l’adolescence les écarts de maturation entre le « cheval » et le « cavalier » et leurs interactions avec l’environnement déterminent de nombreuses variations de comportements y compris dans le même milieu.
L’influence de l’environnementLes réactions du cheval (cerveau mammifère) ont été façonnées par son dressage initial parental puis par l’ambiance de la manade de ses pairs et de l’école. Elles contiennent les pulsions reptiliennes mais seulement jusqu’à des seuils critiques souvent dépassés.
Les choix comportementauxLa prise de drogues psycho actives assouplit puis supprime les transmissions des rênes et des éperons. Le cheval et le dragon jouissent puis prennent le mors et le cavalier perd la main puis les étriers jusqu’à la chute. Si la boulimie était un équipage emporté par les besoins primaires du dragon, l’anorexie serait un cavalier ayant réduit et paralysé tant la monture émotionnelle que le dragon.
La métamorphose du crustacé
La maturation cérébraleLes étapes diachroniques de la mutation psychique ont été symbolisées par Francoise Dolto dans le complexe du homard. Tel un homard faisant sa mue, l’ado s’extrait des protections de l’enfance devenant alors vulnérable avant de se construire une nouvelle carapace plus personnelle et à sa taille. Je prolonge et approfondis cette image en envisageant l’adolescent plutôt comme un crustacé devenant vertébré pour illustrer l’émergence progressive du préfrontal. Dans cette métamorphose, le crustacé infantile perd son exosquelette protecteur mais limitant pour « se vertébraliser » en interne et se dresser adulte. Les rigidités externes protectrices mais pesantes se transforment en noyaux internes de plus en plus solides mais souples parce qu’articulées en cohérences internes et permettant la verticalisation.
L’influence de l’environnementLa carapace du crustacé est de consistance très variable et se retire parfois trop précocement. La chair sensible est alors exposée à une période de grande vulnérabilité dont profitent nombre de prédateur (y compris économiques) avant que les vertèbres de la réflexion, de l’expérience et l’autonomie dessine une personnalité.
Les choix comportementauxEn l’absence de carapace limitante, la chair du crustacé s’enfle en tous sens pour tester les limites. Elle est sensible mais vulnérable et méconnaissable. Les comportements, qu’ils soient originaux ou à risques sont de nombreux déguisements à usage externe pour paraitre quand l’intérieur ne tient pas.
La maturation cérébrale Les contraintes synchroniques entravant l’autonomisation peuvent être évoquées par l’accession à la conduite automobile. Au volant de son véhicule plus ou moins performant ou cabossé, façonné par les autres dans l’enfance, l’adolescent appréhende le monde à travers le pare-brise et tente de choisir sa route. Sa vigilance est envahie par les bruits du moteur, symptômes de son fonctionnement interne, les rétroviseurs renvoyant des images de son entourage et du passé, et les écrans de contrôle rappelant les normes imposées.
L’influence de l’environnement De nombreuses interférences perturbent la conduite de son véhicule. La multiplication des rétroviseurs et des écrans de contrôle rétrécit le champ de vision. Les injonctions ou crises conjugales parentales sont des appels de phare qui flashent dans les rétroviseurs.
Les choix comportementaux Dans sa conduite indécise l’adolescent est partagé entre le repli rassurant dans un blindé à petit pare-brise et l’exposition risquée dans une décapotable à pare-brise panoramique. Dans les turbulences, il oscille entre la multiplication subie ou choisie des rétroviseurs ou des écrans pour la réassurance et leur suppression impulsive et clastique pour s’en libérer.
Références :
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Mac Lean P.D.Les trois cerveaux de l'homme Robert Laffont 1990. 367p
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Cyrulnik, un merveilleux Malheur Odile Jacob 2002
Dolto F, Dolto C, Percheminier C, Paroles pour adolescents ou Le complexe du homard. 2007
Binder P. Intervenir sur les addictions en médecine générale .1°partie – Une perte du contrôle du désir envahi par le besoin : l’addiction est une maladie du cerveau. Exercer 2017 ;129 :24-31.
Binder P. L’approche des adolescents en médecine générale -Exercer à paraitre 2017.